Petite histoire du lycée

 

Si vous disposez de photos anciennes du lycée, n’hésitez pas à prendre contact avec nous pour nous les partager !

Quelques éléments historiques du site du lycée Marcelin-Berthelot


Il nous a paru intéressant de vous présenter le passé de « notre maison » que l’édifice actuel ne nous permet pas d’imaginer.


  • Très bref aperçu de l’histoire avant le XXe siècle

Le lycée Marcelin-Berthelot de Châtellerault occupe l’espace de l’ancien couvent des Cordeliers. Celui-ci fut érigé sur les vestiges du Château-Viel mais on ignore en quelle année.

Les Cordeliers, ordre religieux austère et vivant d’aumônes, fit œuvre de prédication. En septembre 1361, Jean Chandos, venu à Châtellerault pour prendre possession de la vicomté au nom d’Edouard III, roi d’Angleterre, reçut le serment de fidélité de Louis d’Harcourt, vicomte de Châtellerault, dans le couvent des Cordeliers.

À cette époque fut annexée, à la chapelle primitive, une nouvelle chapelle qu’enrichirent, au cours du temps, des dons des rois de France et des vicomtes de Châtellerault. Tristan l’Hermite, le prévôt des Maréchaux de France sous Charles VII et Louis XI, avait une dévotion particulière pour cette chapelle. On y voyait encore ses armes en 1647, son tombeau en plomb et ceux de ses deux enfants, Louis et Pierre.

Le couvent fut florissant tout au long du XVIIe siècle et compta des religieux célèbres.

Suite aux décrets révolutionnaires déclarant les communautés religieuses propriétés nationales, le 7 décembre 1790, le couvent des Cordeliers devint Bien national et fut acquis par des particuliers.

[Lors de travaux, en 1960, la chapelle des Cordeliers fut détruite, dont son cadran solaire magnifique. Des squelettes, gisant côte à côte, les pieds tournés vers Jérusalem, furent mis à jour.]

  • Le couvent des Cordeliers dans son environnement au XIXe siècle

Le couvent des Cordeliers s’inscrivait dans un tissu urbain occupé depuis longtemps, proche de l’église Saint-Jacques, où le bâti était dense. Il occupait un espace au sein d’une zone délimitée par l’avenue Wilson (anciennement rue neuve ou Grande route de Paris à Bordeaux), l’avenue Roosevelt longée par la Vienne (anciennement rue des Batardeaux), et la rue Sully.

Le plan cadastral de 1883-1884 nous permet de connaitre la configuration des lieux un peu avant le début de l’histoire pédagogique de ce site, qui commence en 1904 et se poursuit aujourd’hui, avec de profondes transformations architecturales et institutionnelles puisque l’emplacement, occupé maintenant par le lycée Berthelot, va de l’avenue Wilson à la rue Sully.

Cadastre au 19eme siècle
  • De 1904 à 1973

À partir de 1904, le site de Berthelot connait une destinée scolaire, d’abord par l’installation du pensionnat de jeunes filles de Melle Marie Joyeux, établissement privé, dans les locaux de M. Charles Bassereau, propriétaire de l’ancien couvent des Cordeliers.

 

Carte postale Charles Arambouroux - Collection Jean-François Millet
Carte postale d’Eugène Arambourou, Collection J.-F. M.






Le bail de Melle Joyeux est repris par la Ville le 25 mars 1912 afin de créer les cours secondaires de jeunes filles[1]. Une école primaire est également présente.






Dès ce moment, la municipalité, dans un souci d’égalité avec les garçons, souhaite transformer les cours secondaires de jeunes filles en un collège de jeunes filles et ajouter une école primaire supérieure qui permettrait à notre population ouvrière de donner sans dépenses une instruction plus solide à ses enfants[2]. Mais seuls des cours complémentaires sont mis en place. La Première Guerre mondiale vient perturber les projets. En 1922, le conseil municipal achète les locaux à M. Bassereau et décide d’en construire de nouveaux pour répondre aux exigences du ministère de l’Instruction Publique ; l’enseignement ayant eu beaucoup de succès, l’effectif a considérablement augmenté et les locaux sont devenus insuffisants.

Une conciergerie et un portail, notamment, sont ajoutés.

Le 28 novembre 1922, un décret du Président de la République, M. Millerand, créé le collège de jeunes filles de Châtellerault[3].

Il est inauguré le 5 avril 1925 mais le nom de Marcellin-Berthelot n’est attribué que par l’arrêté du 2 mai 1930. La cérémonie officielle s’est déroulée le 12 juillet 1930 en présence d’un fils du savant, André Berthelot[4]. Remarque : « Marcellin » passera à « Marcelin » entre 1964 et 1965, apparemment plutôt par usage que pour raison avérée.

En 1930 également, les cours complémentaires sont enfin transformés en École Primaire Supérieure (EPS). Depuis la création des cours secondaires, l’effectif des élèves n’a cessé de croitre et les locaux deviennent à nouveau insuffisants. En 1932, des maisons mitoyennes sont acquises et des bâtiments prolongés pour aménager de nouvelles classes, un autre réfectoire et un autre dortoir[5].

La Seconde Guerre mondiale perturbe beaucoup l’enseignement au collège Marcellin-Berthelot[6]. Trois occupations allemandes temporaires et la présence de la manufacture d’armes à proximité (zone sensible aux bombardements) ont pour conséquence que les cours sont dispersés dans différents locaux en ville, à la mairie et chez des particuliers. Néanmoins, l’offre pédagogique évolue avec l’ajout d’une section ménagère et la transformation de l’EPS en collège moderne intégré à l’enseignement secondaire en 1941. Le 5 juillet 1946, un centre d’apprentissage féminin est créé[7] ; il quitte l’établissement en septembre 1963 pour rejoindre le lycée technique de la Plaine d’Ozon.

Les nouvelles offres pédagogiques font encore augmenter l’effectif et, dès 1941, de nouveaux locaux sont demandés par la directrice mais ce n’est qu’en 1957 que le bâtiment de 1922-1923 est surélevé d’un étage et la construction des bâtiments actuels commence en 1960 par celui de l’internat le long de la Vienne. S’ajoutent ensuite le bâtiment administratif, l’externat et le gymnase. La construction est achevée en 1964.

Le site du lycée Berthelot en 1964, annoté par nos soins.
Ville de Châtellerault, Archives municipales, 150 PR, Studio Arambourou, droits réservés

Le collège de jeunes filles, jusque-là municipal, est nationalisé le 15 septembre 1959. Il passe ensuite au statut de lycée nationalisé en 1961. Les classes primaires n’existent plus dans l’établissement à partir de 1966. Un grand changement intervient à la rentrée 1972 avec la mixité ; il devient « Lycée d’État mixte Marcelin-Berthelot » (arrêté paru au JO le 13 mai 1973). En réalité, les jeunes filles désirant suivre les cours de Terminale C (Maths-Physique) se rendaient, jusqu’en 1973, au lycée Descartes et le premier élève masculin entre au lycée Marcelin-Berthelot en 1969 en Terminale D (Sciences Expérimentales).

Il n’y a plus de classes de collège à partir de la rentrée 1973 ; les collégiennes sont accueillies au Collège Descartes, devenu mixte lui aussi.

L’évolution s’est poursuivie sans changement extérieur marquant dans les bâtiments. Sur le plan pédagogique, une première en France s’est produite au lycée Berthelot en 1998 : la création d’une option Arts du Cirque. En 2001, l’usage de l’outil informatique entre vraiment dans l’enseignement du lycée.

Le lycée Marcelin Berthelot sur la période 1960-1970 : Les cartes postales ci-dessus ont été prêtées à titre gracieux pour numérisation par
M. Dominique Boutault, résident de Châtellerault, que nous remercions.

___

[1] Archives départementales de la Vienne = AD86 : 2 T 14, Affaires de lycées et collèges, 1885-1917

[2] AD86 : 2 T 14, Affaires de lycées et collèges, 1885- 1917

[3] AD86 : 2 T 31 Lycées et Collèges

[4] AD86 : 10 T 3247, Collège de jeunes filles de Châtellerault (1929), et 2 O 79 27, Dénomination (1929).

[5] AD86 : 2 O 79 27, Agrandissement du collège et aménagement d’une école primaire supérieure

[6] AD86 : 606 W 131. Situation scolaire (1939-1945)

[7] AD86 : 601 W 197. Administration Générale. Fiches d’établissements


Le lycée adresse ses plus sincères remerciements à Marie-Odile GILLARD (enseignante de SVT au  lycée de  1982 à 2012 et aujourd’hui à la retraite) qui a reconstitué et rédigé minutieusement l’ensemble des éléments ci-dessus.

La partie « De 1904 à 1973 » est un résumé de deux articles parus dans la revue du CCHA (Centre Châtelleraudais d’Histoire et d’Archives), n°42 (p. 2 à 13) et 43 (p. 2 à 13) dans lesquels sont indiquées des sources plus précises.

Le lycée remercie également Marie-Claude ALBERT et Jean-Luc GILLARD (enseignants retraités d’Histoire-Géographie de notre lycée) ainsi que le CCHA pour ses articles.